Dans de nombreux pays, les services postaux publics se réinventent avec succès pour mieux répondre aux besoins de la population au 21e siècle.
Et si nous vous disions que le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes a un plan pour lutter contre les changements climatiques et offrir de nouveaux services essentiels à l’échelle du pays?
Voilà à quoi ressemble le service postal de demain.
Bien qu’elles réalisent des profits qui se chiffrent en milliards $, les six grandes banques canadiennes continuent de fermer des succursales dans des collectivités rurales pour cause de faibles marges bénéficiaires. Aujourd’hui, de nombreuses collectivités rurales ont un bureau de poste, mais n’ont ni succursale bancaire ni caisse populaire, et très peu de communautés autochtones comptent une succursale bancaire.
Au Canada, des centaines de milliers de personnes à faible revenu n’ont aucun compte bancaire, et elles sont environ deux millions à se tourner vers les services usuriers des prêteurs sur salaire pour obtenir des services bancaires de base. Le service postal public du Canada a fourni des services bancaires jusqu’en 1968, année où les grandes banques ont exigé qu’il y mette fin.
À quoi ressemblerait la banque postale au Canada?
La prestation des services bancaires postaux est relativement simple. À l’instar des grandes banques, les bureaux de poste peuvent fournir des services financiers courants, comme des comptes chèques et d’épargne, des prêts et des assurances. La banque postale pourrait aussi accorder des subventions et des prêts gouvernementaux pour favoriser les projets faisant appel aux énergies renouvelables et les rénovations écoénergétiques.
Dans de nombreux pays, la banque postale a pour mission de fournir un accès financier à tous les citoyens et de jouer un rôle dans la lutte contre les inégalités sociales. La banque postale pourrait offrir des services financiers fiables dont tout le monde a besoin, et ce, à des tarifs abordables.
En offrant des services bancaires par l’entremise de son réseau d'environ 6 000 bureaux de poste, Postes Canada pourrait, du jour au lendemain, devenir la banque la plus accessible au pays. Enfin, les revenus de la banque postale pourraient aider à financer de nouveaux services.
La pandémie de COVID-19 et la crise dans les centres de soins de longue durée ont mis en relief la nécessité d’améliorer les mesures de soutien destinées aux personnes âgées. Vivre à la maison permet aux personnes âgées de continuer à prendre des décisions au sujet de leur vie quotidienne et de maintenir des liens avec leur entourage.
Et si les travailleurs et travailleuses des postes pouvaient aider les personnes âgées à vivre de manière autonome dans leur maison pendant plus longtemps?
Le service de vigilance n’aide pas que les personnes âgées; il apporte la tranquillité d’esprit aux proches et aux membres de la famille qui ne vivent pas à proximité. À l’heure actuelle, par l’entremise de leur service postal respectif, le Japon, la France et Jersey (îles Anglo-Normandes) proposent à leur population âgée un service de vigilance efficace et couronné de succès.
À quoi ressemblerait le service de vigilance? Les travailleurs et travailleuses des postes qui livrent le courrier à domicile sont déjà attentifs aux signes pouvant indiquer que quelque chose ne va pas. Ils pourraient, dans le cadre de leur itinéraire, obtenir du temps pour prendre des nouvelles des personnes âgées ou des personnes à mobilité réduite inscrites au service. La vérification pourrait être aussi simple que de s’assurer de la présence d’un panneau « Tout va bien » dans la fenêtre ou consister en une brève visite de courtoisie.
Dans les cas où la situation l’exige, la travailleuse ou le travailleur des postes deviendrait un point de liaison entre les personnes âgées, les services de santé ou les services sociaux. Les travailleurs et travailleuses des postes bénéficient de la confiance de la population. Alors pourquoi ne pas compter sur ces dizaines de milliers de travailleurs et travailleuses des postes pour offrir d’autres mesures de soutien aux personnes âgées?
Malgré dix ans de promesses, l’expansion des services Internet haute vitesse au Canada se fait à pas de tortue. Aujourd’hui, 3,4 millions de personnes n’ont toujours pas accès à Internet haute vitesse dans leur collectivité. Dans les régions rurales et éloignées, Internet coûte terriblement cher, sans compter que le service est lent et la limite de données, peu élevée. Dans certains cas, la connexion d’un mégabit par seconde (1 Mbps) peut coûter jusqu’à 100 $ par mois.
Les installations de Postes Canada sont des endroits sûrs qui pourraient héberger des serveurs Internet à large bande. Le service Internet haute vitesse se rendrait ainsi beaucoup plus loin que ce que les grandes entreprises de télécommunications à but lucratif sont prêtes à faire. Dans le monde d’aujourd’hui, l’Internet haute vitesse est un droit fondamental.
Un droit qui pourrait devenir universel grâce au service postal public. La Loi sur la Société canadienne des postes, qui a créé la société d’État, et le Protocole du service postal canadien, exigent du service postal qu’il s’adapte aux besoins de la population en matière de communications au fur et à mesure que les besoins évoluent.
Partout au pays, l’accès à des aliments frais et abordables demeure une préoccupation croissante, surtout que la hausse du prix des aliments de base et des produits alimentaires dépasse toujours l’inflation. Dans les collectivités nordiques et les collectivités éloignées, le problème est amplifié : le taux d’insécurité alimentaire touche plus de 60 % des ménages.
Postes Canada, qui possède un vaste réseau de logistique et de transport, achemine déjà le courrier et des biens dans l’ensemble du pays. Pourquoi ne pas tirer parti de ce réseau et le réoutiller pour qu’il livre à domicile des aliments frais partout au pays? Un tel service contribuerait à la prospérité des petites exploitations agricoles et élargirait l’accès aux aliments frais. Il importe aussi de mettre en place une version revue et améliorée du programme Aliments-poste pour livrer des aliments à bons prix aux collectivités des régions du Nord.
Postes Canada exploitait auparavant le programme Aliments-poste, qui contribuait à rendre plus abordable le prix des aliments sains dans le Nord. Le programme a été remplacé par Nutrition Nord, qui accorde des subventions aux détaillants, mais ses résultats sont décevants.
Pourquoi ne pas remplir les camions de Postes Canada de produits dont nous avons tous besoin?
Il ne fait aucun doute que l’avenir est aux véhicules électriques. Ils réduisent la pollution et contribuent grandement aux efforts d’atténuation des changements climatiques. Au cours des dernières années, leur prix d’achat a beaucoup diminué, mais l’engouement pour ces véhicules se bute à un important obstacle : les consommateurs craignent la rareté des bornes de recharge publiques.
Le nombre de bureaux de poste au pays dépasse celui des restaurants Tim Horton. L’installation de bornes de recharge électrique à chacun des bureaux de poste contribuerait à renforcer le réseau de bornes de recharge.
Les bureaux de poste sont situés au centre des collectivités. Ils sont accessibles et faciles à repérer. Grâce à son réseau national de recharge des véhicules électriques, le service postal deviendra une plaque tournante de la nouvelle économie verte.
Par rapport à d’autres pays, le Canada accuse un retard en matière de vente de véhicules électriques. En effet, sur l’ensemble des ventes de véhicules neufs, ceux-ci ne représentent que 3 %, alors qu’ils représentent 74 % en Norvège, 45 % en Islande et 32 % en Suède. La transition écologique exige des investissements publics massifs dans les énergies renouvelables. Pourquoi ne pas placer la plus grande infrastructure publique du pays au centre de cette transformation?
Pourquoi ne pas redonner une deuxième vie au bureau de poste pour qu’il offre aux collectivités les services dont elles ont besoin? Il pourrait jouer le rôle de carrefour communautaire. Les jeunes, les personnes âgées et d’autres groupes locaux pourraient y bénéficier d’un local pour se réunir.
À l’extérieur ou sur un terrain adjacent, des artisans et des producteurs locaux y installeraient un marché agricole, mettant ainsi la population locale en contact avec des aliments frais et des produits du territoire. À l’intérieur, un espace transformé en boutique éphémère mettrait en valeur des produits locaux de qualité. Et dans certaines collectivités, le bureau de poste pourrait même offrir de l’information touristique et la vente de permis de chasse et de pêche.
Écologiser le parc de véhicules de Postes Canada au moyen de véhicules électriques de fabrication syndicale, créer des emplois verts au Canada et réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre.
Rénover les immeubles de Postes Canada grâce à l’installation de panneaux solaires pour réduire les coûts énergétiques et contribuer à la lutte contre les changements climatiques.
Recourir davantage à Postes Canada pour regrouper la livraison du dernier kilomètre et ainsi réduire la congestion et la pollution urbaines causées en partie par un trop grand nombre de camions de livraison qui ne sont pas remplis à pleine capacité.
En tant que service public doté des infrastructures les plus imposantes à l’échelle nationale, Postes Canada est en mesure d’exercer une influence énorme et montrer à d’autres entreprises canadiennes comment devenir plus écoresponsables.
Le saviez-vous?
Postes Canada possède le plus grand parc de véhicules au pays. L’empreinte carbone est énorme, mais les possibilités de changements le sont tout autant.
Participez à la campagne Vers des collectivités durables!
C’est une vision des plus audacieuses, et il nous faudra de l’aide pour la réaliser.